[Entretien] Phillippe Ménard a le blues
Phillippe Ménard est un artiste de blues multi tâches!
Il nous fait le plaisir de jouer pour fêter le 2ème anniversaire de Danett Music, alors on n’a pas pu résister à l’envie de lui poser quelques questions.
Il arpente les routes de la musique depuis plusieurs décennies.
Pour découvrir le parcours de Philippe Ménard et ses inspirations, c’est par ici!
Qui est Philippe Ménard?
Comment es tu tombé dans le blues?
Tout petit !
Mon père écoutait du jazz New-Orleans et du gospel tous les soirs, entre autres un titre qui m’a beaucoup marqué: « In the upper room » de Mahalia Jackson, et tout plein d’autres qui ont dû me décoincer les oreilles.
Plus tard à l’adolescence, il y a eu les Stones, et le blues rock anglais et à travers cette musique la découverte des origines du blues et ses multiples formes.
Peux tu évoquer ton parcours musical rapidement? Comment es tu arrivé jouer en solo?
Un peu de piano gamin, guitare à partir de 14 ans, et « révélation » de ma passion en 70 lors d’un concert de Johnny Winter ( j’avais 16 ans).
A partir de là, guitare en autodidacte, et 5 ans de conservatoire en percussions.
Deux petits groupes à Bordeaux, puis arrivée à Nantes, création du groupe CAROL, et de CAMBOUIS (en fait, Carol plus Albert Choisnet au chant).
Enfin TEQUILA (77 à 94).
Fatigué et agacé par les changements fréquents de musiciens, décision d’arrêter le groupe, et débuts en solo.
Comment définirais tu le blues?
La musique en prise directe avec l’âme.
Quel conseil musical donnerais tu à une personne qui veut s’initier au blues?
Écouter les précurseurs originaux !
Les goûts de Ménard!
Tes références musicales?
Le blues et les années 60/70, principalement.
Dans le blues j’ai un faible pour J B Lenoir. Sinon mes guitar héros à moi, ce sont Johnny Winter, Rory Gallagher, Jimi Hendrix, Sean Costello, Ollie Halsall,…. et Keith Richards (pour son sens du riff)
Le plus difficile dans le fait de jouer seul? Les avantages?
C’est de tout faire tout seul….. C’est de tout décider tout seul.
Aurais tu envie de rejouer en groupe?
Pourquoi pas, mais priorité à mon projet solo.
Les spécificités d’un jeu de guitare en blues?
Souvent sur des grilles d’accords de 12 mesures en progression I,I,I,I,IV,IV,I,I,V,IV,I,V, etc.. mais plein d’autres grilles différentes, et même des blues sur un seul accord.
La guitare est souvent accordée en open tuning ( Sol, Mi, Mim,) ou en drop D ( grosse corde en ré).
Pour le son, suivant les styles, il y en a pour tous les goûts, du plus clean (Robert Cray, Lightning Hopkins …) au plus saturé ( J B Hutto, R L Burnside …).
Le bottleneck est souvent utilisé.
Les inspirations de Philippe Ménard
Quelles sont tes inspirations et ton processus de création?
Pour la plupart de mes morceaux , c’est la musique d’abord, souvent à partir d’un riff de guitare. Les paroles viennent après, et ça va des thèmes classiques genre relation homme/femme, alcool, etc…. mais aussi des réactions aux news et au monde déjanté dans lequel on vit.
Les origines de la création de ce nouvel album?
Une envie de finaliser des idées de morceaux récentes, mais aussi certaines qui mijotaient depuis longtemps (au moins 20 ans pour les plus anciennes).
L’idée de faire un double album m’est venu en trouvant le titre: Exile on Mémène Street (clin d’oeil à un double album des Rolling Stones……..donc il fallait que ça soit un double).
Que penses tu du RNB (Rythm & blues), qui est notamment lié au hip hop? Qu’est ce que ça apporte de mélanger des courants musicaux?
Pour les vieux comme moi, le Rythm’ n’ blues, c’est la musique que jouaient Ottis Redding et Booker T and the MG’s, Wilson Pickett, etc….
Je n’ai jamais compris pourquoi on utilise cette appellation pour autre chose à une autre époque, même si tout ça vient un peu du blues………..
Pour les mélanges, pas de problème je suis pour, même si le résultat n’est pas toujours génial……..
L’avenir du monde du spectacle
Quelle vision as tu de l’avenir du monde du spectacle actuellement? Comment s’est passé la petite reprise des concerts?
Au début, je croyais que j’avais mal nettoyé mes lunettes, mais en fait, non….la vérité selon Saint Mémène, c’est qu’on n’a pas le cul sorti des ronces !….
Il y a eu un avalanche d’annulations et de reports ( hypothétiques ) à l’année prochaine, et quelques concerts sympas devant des gens (masqués ou pas) heureux de retrouver du live.
Comment as tu vécu le confinement? Comment as tu occupé ce temps libre?
Confiné à la campagne, c’est déjà pas un drame, mais en plus, j’étais à donf’ sur la fin de l’album et la création de la pochette, alors à part le manque de sommeil, je peux pas dire que j’ai beaucoup souffert.
Penses tu que la crise COVID va modifier la manière de consommer de la musique? De quelle façon?
La peste, le choléra, la grippe espagnole, le sida, Ebola, Sarkozy, Trump, Mc DO, le MP3, Vincent Delerm……… la musique a survécu à plein de fléaux au fil des siècles. Je ne suis pas inquiet pour la suite, y aura toujours du boogie et du rock, ou autre chose, pour que ceux qui aiment ça puissent s’éclater. Keep on waving your blues flag high!
Le nouvel album de Philippe Ménard, Exile Mémène St est disponible en CD et vinyle.